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Mon travail

 

 

 

Depuis 1989, je suis caviste dans la cave de recherches agronomiques de Changins, du mois de septembre au mois de mars, pendant la période où il y a le plus de travail en cave pour m’occuper des 250 vinifications expérimentales. Le restant de l’année, je suis avec maman à St-Maurice, je travaille aussi sur les chantiers pour la rénovation de maisons en Valais.

Je m’occupe aussi de l’entretien de jardins. A Changins, c’est un travail essentiellement manuel, il faut être précis, soucieux de la bien facture du travail, honnête, conséquent et cohérent. C’est un travail dans une petite équipe.

Actuellement j’ai passablement de responsabilités. Au début de mon mandat, j’étais plutôt une exécutante et plus j’avançais, plus les chefs m’ont fait confiance et m’ont donné des responsabilités. Chaque année, il y a dans l’avancement du millésime, des périodes où le travail est plus routinier, j’apprécie aussi car cela me rassure. Ce travail est fait pour moi, je me sens à ma place actuellement.

 

Au début de mon engagement, j’avais quelques difficultés pour m’intégrer dans l’équipe mais à force d’efforts j’y ai réussi, j’arrive mieux à gérer le côté social avec les autres personnes qui travaillent avec moi. J’aime ce travail sur les vinifications expérimentales, c’est varié.

Ce n’est pas une cave ordinaire avec l’aspect commercial et les clients qui débarquent n’importe quand et qu’il faut gérer le côté social. C’est une cave de recherches, nous avons beaucoup de différentes vinifications en petits volumes et j’y participe de la réception des raisins à la mise en bouteilles.

Chaque année c’est un nouveau millésime avec ses défis et ses découvertes. Depuis cet hiver, les chefs savent que je porte le syndrome d’Asperger, ils m’apprécient et me font confiance, leur attitude n’a pas changé depuis qu’ils savent que je suis autiste, certains s’en étaient douté déjà avant que je le leur dise.

 

Les premières années, lorsque j’avais commencé ce travail, il y a 23 ans, j’avais souvent des bouffées d’angoisse car j’avais peur de ne pas arriver à comprendre, de faire faux, j’avais l’impression de ne pas être capable. Les années passant, mieux je me sentais, mieux je comprenais le travail et tout ce qu’il fallait faire et pourquoi le faire. Mon chef principal, celui avec qui je travaille depuis le début de mon activité est au courant de ma fragilité, il l’avait tout de suite remarqué.

Dès que j’ai commencé à découvrir qu’il pourrait s’agir d’autisme il y a environ 4 ans, je lui en ai parlé.

C’est aussi la première personne faisant partie de mes collègues de travail à laquelle j’ai parlé de mon diagnostic, Je lui ai un peu expliqué ce qu’est le syndrome d’Asperger et depuis il est devenu encore plus compréhensif et attentif envers moi, il veille à bien m’expliquer lorsqu’il me confie une tâche.

Il sait que j’ai des difficultés avec les instructions uniquement verbales et multiples, il sait que je dois noter sur mon carnet les différents travaux à faire et une fois que c’est fait, je peux avancer dans mon travail et le faire avec exactitude. Avec les années d’expérience dans mon travail, j’ai réussi à affiner et dompter ma concentration et surtout j’ai trouvé des solutions pour l’organisation du travail.

 

Au début de mon activité j’avais des soucis pour l’organisation, maintenant je me suis fait des fiches avec les croquis des différents « chantiers » de travaux de cave, avec les listes de matériel nécessaire, le positionnement des machines, le mode opératoire pour les différentes actions à accomplir. Je suis devenue beaucoup plus indépendante et j’aide aussi à la formation des apprentis.

Au fur et à mesure que j’avançais, les niveaux de compétence augmentaient, ce n’est pas tous les jours facile mais je m’en sors bien. Mes failles sont mes doutes éternels, j’ai toujours besoin d’être rassurée, mon hypersensibilité, je prends tout trop à cœur. Je suis aussi perfectionniste et cela me prend du temps. Mes atouts sont ma conscience professionnelle, mon souci de faire le travail au mieux, ma ponctualité, ma franchise.

 

Le travail en équipe Il y a des hauts et des bas :

 

Avec les personnes qui travaillent avec moi depuis assez longtemps, j’ai réussi à me faire adopter avec mes différences, mes manières un peu décalées. Les nouvelles personnes qui ont contact avec moi, que se soit des stagiaires ou des auxiliaires, un nouvel apprenti, je dois d’abord me faire accepter. En avançant en âge et en expérience, j’arrive de mieux en mieux à gérer le travail avec une équipe. Les collègues m’apprécient bien pour mon travail et aussi pour mon côté humain.

 

En général, mes rapports de travail sont bons, voir très bons car j’ai une bonne capacité à obéir, je ne me révolte pas, j’accepte volontiers les consignes lorsque c’est prévu dans le programme et que cela me semble logique. J’ai toujours eu de bons contacts professionnels avec mes collègues, mais cela n’a jamais débouché sur des liens plus proches.

Par Isabel

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