Autisme Regards Croisés
Etre Asperger et avoir une pratique dite artistique
Par Valéry
Etre asperger c'est avant tout, avoir ses cinq sens dissociés:
On ne perçoit pas du tout le Monde comme un neuro-typique, mais avec cinq canaux différents; que nous devons lier en permanence. Cela donne lieu enfant, à des crises d'angoisses et de stress, liées à une saturation sensorielle. Avec l'âge, on créé des automatismes conscients:
- On définit des patterns pour chaque contexte donné, pour chaque ambiance et atmosphère
- On définit également dans les relations sociales des patterns, dignes du PNL afin de gérer nos relations sociales. Et grand paradoxe, dans cette construction que l'on pousse très loin, on finit par être des fins limiers pour détecter l'hypocrisie (des contradictions entre les rictus du visage et les mots nous sautent aux yeux).
En fait, toute la perception ne se conceptualise pas au travers du langage comme chez le neuro-typique, mais au travers de patterns construits sur l'expérience. En fait comme un algorithme informatique sur l'analyse sémantique d'une phrase par exemple.
Par conséquent, chez nous, le langage, est une construction non pas intuitive mais consciente et volontaire. On n'a pas un penchant naturel bavard, on se bouscule pour démarrer une conversation et parfois ne plus s'arrêter !
Qu'en est il dans les pratiques artistiques ?
Pour ma part, plus je vieillis, plus je cumule différentes pratiques:
- Le dessin et la peinture
- La photo
- La video
- l'installation
- la Littérature récemment (mon premier roman vient de partir chez les éditeurs, on verra si il sera publié)
Comment puis je passer aussi aisément d'une pratique à l'autre ?
Tout simplement par le fait, que je lis le Monde dans sa plénitude au travers de patterns; de ces patterns, je définis des concepts après analyse; et du tout je génère une forme (une oeuvre).
Ce processus est applicable à toutes les pratiques artistiques. C'est ainsi, que sans difficultés, je peux sortir un roman de 145 pages en l'écrivant d'une traite en un seul jet en deux semaines à raison de huit heures par jour. C'est également ainsi, après avoir observé, analysé, stocké; je peux sortir en une semaine une série de dix peintures sans aucun repentir ! De la même façon quand j'utilise ma caméra ou mon appareil photo, j'enregistre des patterns, si bien que le montage d'une vidéo, du tournage des rushs à la postproduction, tout est fluide et construit.
je vis ces capacités cognitives comme une liberté de produire des formes variées, permettant de construire ma pensée sur le Monde et de la partager. C'est aussi parce que je raisonne par des patterns, que je peux aussi aisément décrire mon processus créatif et le croisement des disciplines que je traverse. Mais tout cela a un coût considérable:
En effet je stocke tout dans mon esprit, tout ce qui est perçu, observé avec des difficultés à oublier. C'est un peu comme une immense base de données qui grossit. Plus elle est grosse, plus je suis libre dans mes pratiques, et suis capable de les démultiplier et multiplier. Mais Cette incapacité à oublier, m'impose parfois de façon douloureuse ce besoin impérial de tout restituer de façon construite, alors que cela est arrivé de manière chaotique dans mon esprit. Mon cerveau est un vrai feu d'artifice, cela fuse de tous les côtés, sans répit ! Cette sur-activité intellectuelle, est extrêmement épuisante; d'où des siestes inopinées, ou encore des coups de blues sans raison apparente !
Et la seule façon de me soulager est de faire oeuvre !
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