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Phobique nous ?                                   Par Gérald

 

                                                    

                                                                                                          « Et de la tête aux pieds il fut rempli de joie, de la joie de vivre                                                                                                                   et de la joie d’être lui-même. Car désormais il savait à nouveau                                                                                                                 qui il était et à quelle réalité il appartenait ? C’était une nouvelle                                                                                                               naissance. Et le plus beau, c’était qu’à présent il voulait être                                                                                                                      justement celui qu’il était. Si une infinité de possibilités                                                                                                                          s’étaient offertes à lui, il n’en aurait pas choisi d’autre.                                                                                                                            Désormais, il savait : il y avait dans le monde des milliers et des                                                                                                                milliers de formes de joie, mais au fond toutes ces joies n’en                                                                                                                    faisaient qu’une : celle du pouvoir d’aimer. »

 

                                                                                                                             L’Histoire sans fin, Mickael Ende

 

 

Samedi deux juillet

 

 

La phobie sociale… Je peux comprendre, nous pouvons tous comprendre… La peur de parler en public, la peur de parler à des inconnus, la peur d’affronter une situation sociale, jusqu’à la peur de se rendre à un repas entre amis. Autant de situation face auxquelles nous devons mettre en place des stratégies d’évitement afin de ne pas vivre ces situations, ressentir cette peur. (On dirait Le Manuel du Parfait Petit Autiste. S’il n’y avait que ça…) Comment des médecins pourraient ne pas la voir, ne pas la ressentir lorsque nous passons leurs tests, lorsque nous nous asseyons face à eux pour leur raconter notre vie après tant d’années passées à encaisser déboires sur déboires ? Comment pourraient-ils ne pas diagnostiquer (en ouvrant un livre ?) une phobie sociale alors que nous leurs servons nous-mêmes tout sur un plateau et qu’ils n’ont plus qu’à nommer ce qu’ils voient, soit une anxiété de forme sociale oui, et plus ou moins forte mais généralement plus que moins. Ceci a la forme d’une poire, la couleur d’une poire, c’est une poire. Pas besoin de regarder à l’intérieur.

 

Vous savez Madame La Juge, je trouve ceci assez marrant, drôle. Si je vous assure, nous nous trouvons face à un comique de situation… Où tout se trouve être inversé. Je vous laisse y réfléchir… En attendant je vous ouvre ma Boîte à Larmes, celle que j’ai construite en fleur de peau et que je range au creux du ventre, vous savez, là où ça fait comme une boule lorsque vous y penser un peu trop fort.

 

Je pense être un des rares élèves de France à avoir fait chaque exercice du Bled ( vous vous souvenez du petit manuel de grammaire en primaire ? Le cauchemar absolu de millions d’élèves de ma génération) entre vingt et trente fois. Oui Madame ! Et pour cause, lorsque le maître nous faisait faire les exercices à haute voix un par un dans la classe, j’anticipais quelle serait la question qui me serait posée. Pire ! Je répondais à chacune des questions pour m’assurer que j’aurais la bonne réponse le moment venu. Ou pas.

 

 - Dans dix phrases c’est à toi ! Te rate pas !

 

Je devais sans cesse recompter car si l’un de mes camarades n’avait pas donné la bonne réponse, c’était au suivant de la fournir, par conséquent toutes les phrases se décalaient d’un cran. Il en a toujours été ainsi dans ma scolarité lorsque le professeur nous faisait faire un exercice les uns à la suite des autres. Bien entendu, m’apercevoir que je n’avais pas la bonne réponse déclenchait en moi un compte à rebours infernal vers l’humiliation absolue. Pourvu que cet idiot d’abruti se trompe avant moi ! Et que ces deux autres là ne se trompent pas. Alors, et si… Et si… Ainsi de suite. Mesurez-vous l’énergie que les gens comme nous mobilisent pour… ? N’est-ce pas légèrement compliqué de vivre en permanence avec une caboche en cet état ?

J’imagine que Freddy se gausserait (je vois d’ailleurs son petit sourire en coin d’ici) à lire un tel exemple de mise en situation pour justifier de mon autisme alors que cet exemple illustre tout mais surtout la phobie sociale dont je n’ai pas manqué d’être atteins dès mon plus jeune âge. Pour un médecin ceci est de la phobie sociale, ou du moins les germes d’une anxiété qui plus tard deviendra une vraie et belle phobie. Aucun doute, nous avons le schéma parfait ! Peur du jugement public, tentative d’évitement, angoisse et honte.

Mais ne peut-il exister une autre réponse ? Si un élève veut être gentil, s’il veut être un bon élève, celui-ci doit répondre aux questions que lui pose son professeur de façon correcte, toutes les questions. C’est du moins là ce que le monde entier n’a cessé de lui répéter depuis son plus jeune âge. Ne pas être capable de répondre aux questions en public engendre du stress et de la honte, car tout le monde peut alors constater combien nous sommes un mauvais élève, un enfant méchant qui va faire beaucoup de peine à tout le monde et notamment à ses parents. Voici donc une réponse totalement autistique (encore faudrait-il connaître les traits autistiques) qui pourrait être un bon terreau pour les graines de… (blablabla)

Ne trouvez-vous pas étrange que ce phénomène, du moins dans mon souvenir et en ce qui me concerne, se soit déclenché, ou amplifié, en CM2, à la veille d’entrée dans le grand monde, là Sixième ?

Là où l’on commence à serrer des mains à ses potes et autres collègues par exemple. Mais de quelle façon serre-t-on la main ? Certains ont la main toute molle, d’autres te brisent les doigts en mille morceaux ? Quelle est la différence de signification ? Quelle est la bonne méthode pour serrer une main ? Et à qui doit-on tendre la main ? Et doit-on la tendre en premier ou pas ? Et doit-on sourire, ou plutôt demeurer neutre, regarder dans les yeux ou plutôt de côté ? Je ne sais pas vous Madame La Juge, mais moi je n’ai jamais trouvé ça très simple de serrer une main. Pour tout vous dire, je commence tout juste à le faire sans aucun complexe. Sans compter, si vous vous souvenez, qu’en classe de cinquième je suis arrivé dans un collège de cité HLM. Autre univers, autre code social. Le check ! Je préfère ne pas en

parler. Je n’y ai jamais rien compris. Des gens auxquels tu dois tendre la main, d’autres que tu dois checker, les vicieux qui inventent des checks plus complexe pour encore se différencier du groupe supérieur. Pour tout vous dire, je ne sais toujours pas au bout de vingt-cinq ans de fréquentation de quelle façon un de mes amis les plus proches qui soit va me dire bonjour. Je ne sais pas. Je crois qu’il prend un malin plaisir à changer son salut à chaque rencontre.

Puis-je Madame, vous poser une question ? Au fil du temps, et en multipliant par des dizaines de rencontres, que pensez-vous qu’engendre de telles questions, de tels comportements, et autant de potentiels erreurs dans l’esprit d’un homme ?

Dois-je continuer ? Je continue. Je vais encore piocher dans ma boîte. Ce n’est pas très compliqué, elle est pleine à craquer. Et je continue de la remplir chaque jour. Lorsqu’elle déborde je pleure. Ensuite, je peux de nouveaux la remplir de merveilleuses histoires. Jusqu’au prochain débordement.

 

En classe de quatrième. Une professeure m’a purement et simplement humilié. Elle avait écrit une phrase au tableau et posé une question grammaticale. Les trois-quarts de la classe avaient levé le doigt pour répondre à tour de rôle une mauvaise réponse. Lorsqu’elle eut fini d’interroger tous les doigts levés, il n’en restait plus qu’un en l’air, le mien. Et elle ne m’interrogeait toujours pas. Elle a continué de tourner dans la classe et moi de garder le bras levé. Tout le monde le savait. Tout le monde nous voyait. Et elle tournait. N’importe qui aurait baisser le bras. Moi, j’ai appelé mon second bras à la rescousse pour soutenir mon bras levé pour ne pas qu’il s’affaisse. Lorsqu’elle a fini par m’interroger, j’ai comme tout le monde fourni une mauvaise réponse (cela devait être le but du jeu j’imagine), elle a fait une remarque qu’elle devait estimer drôle et toute la classe a éclaté de rire. J’ai souri et signé ce jour le pacte de ne plus parler, ce que je ferai trois ans plus tard.

Etais-je atteint de phobie sociale ? Nous nous sommes tous fait humilier par certains professeurs en mal de pouvoir et de reconnaissance (des gros cons ayant raté leur vie en somme et se défoulant sur un gamin innocent que pour X raison ils ne sentent pas). Mais lorsqu’inévitablement cela se répète chaque année, et que quoi que vous fassiez, vous ne parvenez jamais à être ce bon élève, à fournir la bonne réponse, que fait votre estime de soi ? Que fait votre anxiété ? Et vous savez ce qu’ils feront plus tard Madame La Juge, ces fameux docteurs en psychiatrie ? Ils vous demanderont vos bulletins scolaires pour mesurer votre degré d’autisme… Quelle blague ! Quelle monstrueuse blague !

Juste après, ou à peu près en même temps, arrive les relations avec les filles. Ma vie est devenue un véritable cauchemar. De la poignée de main on passe à la bise. Quelle fille doit-on bisé et quelle fille ne doit-on pas bisé ? Combien de bises doit-on faire ? Entre quatre et deux le choix est vaste. Doit-on embrasser le vent ? Poser les lèvres sur la joue ? De quels côté doit-on commencer ? Doit-on se pencher en avant en premier, en second ? Et le vent de

la troisième bise qui n’était pas prévue, je le prends comment ? Je me vexe, je souris niaisement, je fais une vieille blague, j’insiste pour avoir le bon compte ? Bien penser à se laver les dents. Ne pas respirer en même temps pour pas que la magnifique fille s’aperçoive que nous sommes qu’un gros tas de pourriture sur pattes. Welcome in my world ?

J’ai pris soin de choisir des exemples très simples et plutôt à tendance généraliste. Tout d’abord parce que j’ai tout oublié et oublie le passé de plus en plus rapidement. Ensuite pour que vous puissiez avoir un aperçu de la systématisation des process. Combien de fois vous êtes vous fait humilier par un professeur ou des camarades dans vos vingt ans de scolarité ? Combien de fois avez-vous eu à aller au tableau, levé la main, fournir une simple réponse ? Combien de fois avez-vous eu à dire bonjour, à tendre la main ou faire la bise ? Combien de fois lorsque vous ne comprenez rien ? Combien de fois dans votre tête ?

Comprenez que ces process comptent parmi les plus simples qui soient dans la sociabilité d’un être humain. Les maitriser m’ont toujours et me pose aujourd’hui encore problèmes.

Pourquoi ? Parce que je ne comprends pas. Pourquoi se serre-t-on la main ? Pourquoi se fait-on la bise ? Pourquoi humilie-t-on les enfants ? En réalité si je le sais, mais j’ai dû l’apprendre. Nous nous serrons la main afin de vérifier la force physique de notre interlocuteur (potentiel ennemi) et vérifier qu’il ne cache pas de poignard dans sa manche. Les filles et les garçons s’embrassent afin de s’assurer que l’un et l’autre feraient un bon reproducteur biologique (histoire de cul en somme), et nous humilions les enfants pour en faire des hommes (y a pas à dire, le niveau de sociabilité des neurotypiques est astronomique !) Je vous assure que de ne pas faire tout ça fonctionne également très bien. Et au lieu de se baver sur le visage en un contact physique douteux à viser essentiellement sexuel et reproductif (se refiler une bonne gastro)(beh quoi on partage tout nous sommes des êtres humains !) nous pouvons directement enchainer sur le ténébreux : ''Ça va ?''

 

Il m’en aura bien fait baver celui-là. Ça va ? Non mais quel horreur ! Un peu comme le Allo. J’y comprends rien au Allo. Qu’es-tu censé répondre à Allo ? Allo ? Allo. Allo ? Allo ! Allo ? Oh Allo ! Veut rien dire Allo. Bref. M’énerve Allo. Il m’aura fallu des années et des années pour comprendre que la personne te demandant si ça allait n’en avait rien, mais alors absolument rien à branler de comment tu allais (et que bien entendu il ne fallait jamais répondre autre chose que oui ça va). Ce genre de truc m’a toujours créé des blocages dans le cerveau.

Que voulez-vous que je vous dise Madame la Juge, je n’invente rien… Tout est là. Tout l’a toujours été… Suffit juste de demander (bon comme personne demande, je me dévoue pour tout balancer. Sérieusement, votre sociabilité…).

 

Encore un peu ? Lorsque nous ne sommes pas foutu de décrypter une poignée de main, une bise ou une question, à quel niveau pensez-vous que soit notre pouvoir de séduction ? Mes relations amoureuses ont toute été un pur massacre. En terme de destruction d’années, je pense y avoir laissé vingt ou trente bonnes années de vie, voire plus. « Les femmes m’ont tuer ». Sourire, mot, regards, touché, silence. Nous sommes en dehors de l’incompréhension là, nous sommes dans le néant absolu. Ce qui est dommage car avec l’expérience, je me dis que j’ai raté une ou deux ou douze occasions qui aurait pu être sympa. Mais bon… On ne refait pas l’histoire.

J’ai tout de même réussi, à coup de force de courage et bien entendu de harcèlement, (à coups de petits mots d’amours)(à l’époque où les téléphones avaient encore des fils je vous laisse imaginer le grandiloquisme) à séduire une fille, magnifique, cela va de soi. Et j’en ai fait la femme de ma vie. Je peux vous dire que cela n’aura pas été simple, non seulement de la séduire mais aussi de vivre avec elle. Il faut savoir prendre sur soi. Ce n’est déjà pas simple, à ce qu’il se dit, de comprendre une femme mais alors lorsque tu es autiste… Vaut mieux être doté d’une motivation supérieure et savoir fermer sa gueule, deux qualités dont j’ai heureusement la chance de disposer. Par contre, à l’intérieur de moi c’est chaud bouillant. Vu que je ne suis pas la seule personne impliquée ici, vous m’excuserez pour ce cas, une fois n’est pas coutume Madame La Juge, de faire preuve de pudeur.

 

 - Tu me caresses le dos ?

 - Bien sûr ma chérie

 - Mmmmmmm

 - Ça va ?

 - …

 - Hum ? Tu dors ?

 -  …

 - J’ai une crampe…

 - …

 - Bonne nuit chérie…

 - …

 

Avant d’en arriver là nous aurons-bien entendu butté sur le « veux-tu sortir avec moi ? » Alors là… Il parait que c’est de cette façon que l’on séduit une fille… On lui demande « veux-tu sortir avec moi » elle répond « oui » et on sort ensemble... Mais euh… Et si nous sommes déjà dehors ? Et puis… Bon en fait non, je ne comprends toujours pas. Pour moi, ou l’on s’aime et on s’embrasse et on se marie, ou l’on s’aime pas. Mais sortir ensemble ? Je comprends même pas ce que cela veut dire… Hum. Pour quoi faire ? Discuter ? Bonjour l’angoisse !

L’angoisse oui. C’est bien de cela dont nous parlons. De l’angoisse. De l’angoisse sociale. A ce sujet, j’aimerai Madame La juge apporter une dernière précision. Il paraitrait que l’autiste n’aurait pas d’humour. Bien entendu, cette « vérité » est à ranger dans la même catégorie que l’autiste n’a pas d’amis et l’autiste n’a pas d’émotions. L’autiste a ou peut avoir de l’humour. Déjà il peut avoir le sien. Et ce n’est pas parce que vous vous n’y comprenez rien que ça n’est pas de l’humour. C’est juste que vous n’y comprenez rien. Ou bien, il peut aussi apprendre le vôtre. Par exemple, lorsque je suis arrivé au collège, j’ai très vite dû apprendre l’art de la vanne et du second degré. Cela m’a bien entendu valu quelques déboires mais j’imagine que vous avez pu constater en m’écoutant ces derniers temps que je n’étais pas dénué d’humour (enfin j’espère). J’ai appris l’ironie, le cynisme, le second voir onzième degré et ainsi de suite. Par contre je demeure encore aujourd’hui totalement imperméable à certaines formes d’humour comme les calembours, les jeux de mots, les trucs à la Desproges ou la Devos (ce qui socialement t’exclues de par nature de tout un pan pseudo intellectuel de la société) me laissent totalement de marbre par exemple, tout comme l’humour gras, raciste ou vulgaire. En réalité mon temps de vie se partage un peu en deux moitiés. La première ou je râle, la seconde où je ris. De vos vies. Je vous trouve très drôle moi personnellement. Et je ris beaucoup. Oui.

 

Cela vous suffit ? Je pense que oui. Si vous n’avez pas compris aujourd’hui vous ne comprendrez jamais. L’autisme ne se cache pas derrière chaque phobie sociale mais parfois il n’y a pas uniquement de la phobie sociale (toujours ?).

Dois-je apporter les explications scientifiques aux exemples susmentionnés ? (c’est probable oui). Dois-je rappeler que l’autiste éprouve beaucoup de difficultés à comprendre l’implicite ? Dois-je rappeler que l’autiste a une fâcheuse tendance à prendre tout ce qu’il entend au premier degré, à prendre le sens des mots et d’une phrase dans sons sens littéral, à ne pas disposer des moyens de transformation et déformation dont abusent à longueur de temps les neurotypiques et qu’en conséquence de quoi nous ne parlons absolument pas le même langage ? Dois-je rappeler que l’autiste double bien souvent tout ceci d’un sens de la naïveté absolument stupéfiant ? (personnellement tant que je n’ai pas de données contraire tu peux me faire croire absolument tout ce que tu veux). Dois-je enfin rappeler que l’autiste ne comprend absolument rien aux formules de politesse et autres rituels sociaux ?

 

L’education nationale, les relations amicales, les relations amoureuses, le monde professionnel, tout dans ce monde est organisé pour casser de l’autiste en bloc. Cela se passe au fil des ans par la destruction totale de l’estime de soi. Une fois que l’estime de soi est réduite à néant, vient l’anxiété, et ensuite la phobie.

Je pense sincèrement Madame La Juge à Lunettes qu’il serait grand temps que les spécialistes de ce pays commencent à ouvrir et lire des livres et autres revues scientifiques.

C’est extrêmement important car comprenez bien que les thérapies comportementales et cognitives et autres suivi psychiatrique doublé d’antidépresseurs viennent sans aucun doute régler quelques problèmes d’anxiété sociale oui, tout le monde peut le vérifier. En revanche, rien ni personne n’est en mesure de « guérir » l’autisme. Aussi, que se passe-t-il sitôt les traitements visant à guérir l’anxiété sont arrêtés ? L’autiste sera toujours atteint d’autisme. Il ne comprendra toujours rien aux implicites, rien aux codes sociaux ni rien à rien, alors progressivement, ressurgira l’anxiété et une rechute. Et… Et quoi ? Le double effet kiss cool.

 

Ce n’est pourtant vraiment pas compliqué !

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