Autisme Regards Croisés
Bienvenue en paradoxie Par Gérald
« Son talent n'est pas seulement sa boxe, mais aussi sa rapidité, on ne voit pas les coups arriver »
La Fureur de Vaincre, 1972
Vendredi 11 juin
Et si tout ceci n’était qu’un jeu, Madame la Juge à Lunettes ? Et si tout ceci n’était qu’un jeu dans lequel il suffirait de piocher une question et de lui adjoindre sa réponse. C’est une réflexion que je me fais de temps à autres, lorsque les jours se font trop longs, les nuits trop blanches, ou les gens vraiment trop pénibles. Tout ceci n’est qu’un jeu. Le plus compliqué des jeux. J’ai toujours été joueur. Le jeu n’est qu’un ensemble de règles, un ensemble de conditions, de paramètres qu’il suffit de percevoir, comprendre et agencer selon ses propres possibilités du moment (dès que les pieds entrent dans l’équation je suis dans la merde) et dans le bon ordre afin de parvenir au meilleur résultat possible. Un schéma ! J’aime le jeu. Je veux toujours connaître la suite de l’histoire, savoir jusqu’où je peux aller, ce qu’il va se
passer, répondre aux questions, quelle sera la prochaine carte. Quelle sera la prochaine carte ? Ou le prochain joueur sur la prochaine base.
Par exemple. Une question. Existe-t-il un point de bascule ? Existe-t-il un point à partir duquel l’homme devient autiste ? Bien évidemment, la réponse est négative. Si effectivement nous nous révélons autiste sur le tard, nous ne devons pas nous leurrer, l’autisme a toujours été présent, seulement les conditions climatiques ne se prêtaient pas à son exposition, à sa visibilité (nous prévoyons du brouillard sur l’île de France pour les trente prochaines années). Pourtant, les traits apparaissent extrêmement tôt dans le développement de l’enfant et malgré tout, trop souvent ces traits seront rapidement examinés, triés avant d’être rangés bien à leur place dans un quelconque rayon du supermarché des problèmes psychologiques. Ce qui, même si c’est une grossière erreur de la part de tous ces merveilleux professionnels tant qualifiés (je ne parle pas que de l’autisme) est compréhensible car lorsque nous nous intéressons un tant soit peu à nos histoires de vie, lorsque nous les écoutons (avec l’écoute) qu’y a-t-il de plus facile à trouver qu’un problème psychologique ?
En ce qui me concerne, ma mère a très vite développé certains troubles psychologiques. Mon père, s’il est loin, très loin d’être parfait, a fait ce qu’il a pu. Ils ont divorcé au début des années quatre-vingts lorsque j’avais six ans, lorsqu’on appelait encore les enfants comme nous : «enfants de divorcés» (Warning ! Enfant de divorcés = GROS PROBLEMES PSYCHOLOGIQUES !). J’ai ensuite navigué d’appart en maison de maison en appart, et plus ou moins d’écoles bien entendu. Tout ceci à raison d’une moyenne d’un déménagement tous les dix-huit mois (oui j’aime compter des choses et des trucs inutiles et en faire des moyennes, et alors ?). Beaucoup de professeurs sont passés, beaucoup d’hommes (j’ai même eu une sœur et un frère supplémentaire une fois, avec lesquels je jouais, m’amusais, rigolais, comme tout enfant de neuf ans), des chiens aussi, avant que ma mère ne les rendent complètement cinglés et ne les fassent piquer (contrairement aux hommes qui eux pouvaient encore s’enfuir). Je n’ai jamais été violé, jamais été battu, jamais etc etc... Juste ma mère était malade, très malade, dans sa tête (elle l’est toujours d’ailleurs, où qu’elle se trouve au moment où j’écris ce jour). En conclusion, mes parents n’avaient pas la capacité d’être parents (pure conception conceptionnelle), mes grands-parents ont très vite lâché l’affaire (moi aussi), les hommes passaient, aucun adulte n’a jamais été en mesure de faire quoi que ce soit, et les chiens crevaient les uns après les autres. Dans un pur déterminisme basique, et pendant les trente ans qui ont suivi, j’ai cherché ce qu’était une famille. J’ai regardé partout. J’ai écouté partout. Chaque personne que j’ai croisée, j’ai visité sa famille. De fond en combles j’ai visité. J’ai écouté toutes les histoires, et je continue de le faire, jour après jour. J’en ai moi-même construit une de famille (centre d’intérêt restreint)(même si aucun psy ne l’entendra de cette façon…). Et pas une fois, pas une seule fois, je ne suis tombé sur une famille à la hauteur du mot Famille. Je ne répondrai pas, bien qu’y ayant répondu, à la question : « qu’est-ce que la famille ? ». Il s’agit simplement, Madame La Juge à Lunettes, de vous démontrer par l’exemple, que vous présentant devant n’importe lequel psy-cequevousvoulez, nous vous rétorquerons que vous avez un problème psychologique, et que ce problème psychologique, vous le devez, à votre famille.
Ceci est un premier élément de la réponse. Le long de ma carrière de tentatives d’insertion sociale, des adultes référents, j’en ai croisé beaucoup, des psys aussi, (on oublie le gimmick sur les chiens ?) (ok) (pourtant un chien pour un gamin c’est…)(pour beaucoup d’adultes défilant sous mon balcon ça à aussi l’air de….)(mode pathos off) seulement, pour les autistes comme nous, les autistes relativement doués, personne ne va chercher plus loin que l’anamnèse familiale. Nous avons un problème psychologique. Et c’est tout. Et ainsi s’achève l’histoire de celui qui… ne joue pas.
Celui qui joue se dit un truc dans ce genre: « ok ! vous êtes des adultes référents, j’ai un problème psychologique. On va le régler ». Moi, je joue. Je vais le régler. Et je le fais. Je suis un très bon joueur. Les schémas, ça me connait. Alors je le règle. Et cela ne change absolument rien. Et pendant trente ans, tu règles tout un tas de problèmes psychologiques. Et… Et rien ne change jamais. Toujours le même triptyque. Toujours la même base. Et je dirais même qu’avec l’âge, c’est de pire en pire.
Mais revenons quelques instants en arrière pour bien comprendre. Répondons à une autre question. Que se passe-t-il, disons pour les autistes dans ma tranche d’autisme, une fois que nous avons appris nos mots, appris à parler ?
Nous sommes comme tout le monde envoyés à l’école. Et là, ou tout se passe bien et l’enfant sera oublié, ou tout se passe mal et l’enfant sera bien souvent, d’une façon ou d’une autre, rangé dans un placard (avec plus ou moins d’enrobage édulcoré, ce qu’on appelle : un bonbon)(les roses sont toujours plus facile à avaler)(règle numéro 4 du jeu : ne comptez jamais sur l’Education Nationale pour quoi que ce soit divergeant d’une quelconque normalité)(règle numéro 4.1 : facteur chance car dans tout jeu il y a une part de chance : tomber sur un prof qui… mystère et bulle de gomme). Pour ma part ce fut l’oubli et les joies de la médiocrité.
Alors peut-être que tout ceci n’est qu’une formalisation d’un adulte regardant sa vie d’enfant a posteriori, autrement dit une projection tardive et donc une déformation tardive, mais je ne pense pas. Je n’ai jamais été malheureux et contrairement à nombre de témoignages que j’ai pu lire, dont un certain nombre parmi les témoignages d’autistes déclarés certifiés pesés validés, je n’ai jamais dans mon enfance ressenti la moindre solitude, ni la moindre bizarrerie, ou spécialité, à ce que j’étais. Tout ça est venu beaucoup plus tard.
Je me souviens de l’incompréhension, je me souviens des pleurs, je me souviens de l’envie de tuer aussi, mais je ne me souviens pas de la souffrance (ce qu’on appelle la résilience oui). Et malgré les déménagements, malgré les changements d’école, malgré le défilé de beaux-pères, malgré les crises de nerfs, et malgré tout le reste, j’ai vécu une enfance très heureuse. Je n’ai jamais été malheureux enfant. J’ai vraiment l’impression d’avoir vécu mon enfance dans ma bulle. Non pas seul comme le racontent les témoignages mais dans une espèce de bulle espagnole dans laquelle n’importe qui pouvait entrer et ressortir à volonté. Je vais essayer d’expliquer ce ressenti car, bien qu’ayant été décrit dans la littérature, ce phénomène est très troublant par rapport à ce que j’ai l’habitude d’écouter.
C’est un peu comme si je n’avais jamais véritablement eu de conscience individuelle, comme si je n’étais que la partie d’un organisme bruyant et agité dans lequel je tentais de trouver ma place, mon rôle, ma fonction, sans même en avoir conscience, une conscience qui n’a pas commencé son éveil avant ma seconde année de CM2, lorsque je suis tombé amoureux (là par contre j’ai pris cher c’est clair). Pour moi, dans ce qu’ils appellent l’enfance, tout a toujours été normal. J’étais comme tout le monde, tout le monde était comme moi. Un Tout. J’ai déménagé un nombre…(vous n’avez qu’à compter vous aussi !) Et peu importe, le sexe, peu importe la couleur, la religion, la langue même… Peu importe, je n’avais aucune conscience de tout ça. Ils étaient tous comme moi. J’étais comme eux tous. (Et tout ça, je l’ai cru, encore super vachement longtemps !) Pour moi, il n’y avait jamais de pourquoi, jamais de comment. J’étais un enfant, ils étaient des enfants. Nous ne discutions jamais. Nous jouions. Et peu importait le… monde ? En face il y avait un enfant. Et donc un partenaire. Pour jouer.
Ce n’est que bien plus tard que j’ai ressenti, comme beaucoup d’autres choses, la notion de solitude, et encore, non pas seul mais dans ma bulle, une bulle dans laquelle, selon mes centres d’intérêts restreints du moment, chacun pouvait tenter d’entrer (mais ressortait la plupart du temps très vite).
Je n’ai jamais été que la partie infime d’un tout, la pièce d’une vaste machinerie, un enfant dans une école. Je ne me demandais pas pourquoi lui est ainsi, pourquoi elle fait ceci, pourquoi lui dit cela. Je ne sais d’ailleurs toujours pas comment font les autres. Tout était normal. Sans jamais me poser de questions. Sans jamais me trouver différent. Et lorsque qu’un truc clochait (et de nombreux trucs ont cloché) je suivais le chemin devant moi, sans jamais me poser d’autres questions que… avancer dans le jeu (jeu basé sur le déterminisme familial et qui pour moi correspondait à trouver la femme de ma vie et fonder une famille). J’ai toujours cru que c’était chez tout le monde pareil. Que tout le monde était comme moi et que j’étais comme tout le monde.
Enfant, il était pour moi normal de ne pas avoir d’amis mais de jouer avec qui voulait jouer avec moi à ce moment-là. Et lorsque les filles ne voulaient plus jouer à l’élastique, j’allais jouer au foot, même si à la longue c’était pénible de toujours être le dernier choisi dans l’équipe (avec Orlando, l’efféminé (je ne dis plus pédé parce que les gens sont tellement bêtes, pardon, s’ennuient tellement que je risquerais de me faire taxer d’homophobie par les fanatiques de la sémantique humanitaire et poursuivi en diffamation par le groupe de défense des Orlando, voire par l’état de Floride lui-même) de service et le célébrissime Bouboule (présent advitam eternam dans toutes les cours d’école du monde). Je m’en foutais. Je faisais ma vie. Mon premier pote, je l’ai eu à onze ans. Cela n’a pas duré. Je suis tombé amoureux d’une fille et je voulais passer tout notre temps libre à faire du bicross en bas de son HLM, même si je ne la voyais jamais. Je traversais les champs et la ville et je tournais en bas de son bâtiment tout l’après-midi, l’air de rien. Je ne pouvais pas faire autrement. Je devais y aller. C’était plus fort que moi. Ça a fini par le saouler et il est parti avec deux autres types et moi par me trancher le dos des mains à coups de cutter. Elle s’appelait Sandra, j’avais onze ans, et elle ne voulait pas m’épouser !
- Pourquoi tu t’es tailladé mon chéri ?
- Parce que je ne veux pas aller en colonie de vacances maman
Je me souviens que j’étais le seul à détester les vacances. Je n’aimais pas particulièrement l’école non plus. Ce que j’aimais moi, ce qui peut paraître tout à fait paradoxal (ou pas), ce sont les récréations, les contacts entre élèves. Je comptais sur le calendrier le nombre de semaines d’école entre deux périodes de vacances, et je transformais tout ça en nombre de récréation, en période temps de midi si je mangeais à la cantine, puis finalement en durée. C’est là que j’étudiais, c’est là que j’apprenais. Quinze jours de vacances me plongeaient dans un total désarroi.
Non pas que je m’ennuyais chez moi, j’avais une petite sœur, (voire un potentiel petit frère ou petite sœur de temps à autres) et comme je l’ai déjà dit, avant que ma mère ne le fasse piquer (pas le petit frère/sœur hein) régulièrement un chien faisait son apparition.
Lorsque j’étais chez moi, ce que j’aimais par-dessus tout c’était jouer au ninja. Le nombre de fois où j’ai tenté de reproduire les fléchettes que Bruce Lee utilisaient dans la Fureur de Vaincre doit avoisiner les deux cents quarante-trois. Peine perdue. Elles ne se sont jamais plantées nulle part (merci Bruce ! Pour la construction de la confiance en soi c’est nickel). Un problème de matériaux j’imagine. Mon bois devait être trop léger. J’aimais le tennis, faire du vélo, et compter le nombre de voitures, marques et couleurs, qui passaient sur la route devant chez nous (je parie que la seizième est une renault5 bleue !).
D’une façon générale, j’aimais tous les jeux demandant une légère réflexion. Je détestais par-dessus tout les déguisements et les jeux de figurines. Mes parents diront peut-être le contraire, c’est que je faisais bien semblant. De ceci je m’en souviens par contre parfaitement. Je ne comprenais pas ce qu’il y avait d’intéressant. J’avais quelques playmobils mais surtout des figurines des Maîtres de L’univers. Et chaque Noel, ma collection se voyait augmentée. Mais que diable faire de tout ça ? Personne ne voit-il que ce ne sont que de vulgaire bout de plastoc ? Que jamais Musclor ne va sortir son glaive en criant « par le pouvoir qui m’est conféré ! ». Et que jamais je ne pourrais jouer avec lui et niquer sa gueule à Skelettor ! Le degré de frustration que j’ai mangé avec ces foutues figurines est… Ceci m’était difficilement supportable. Et pourtant ce n’est pas faute d’avoir essayé. Je prenais mes figurines, j’essayais… J’essayais, mais intérieurement j’étais consterné, dégouté, écoeuré ! Rien. Je ne comprenais pas pourquoi l’on vendait ces machins, pourquoi les autres avait l’air si heureux de jouer avec, et moi non. Je n’en n’ai jamais parlé à personne et ai pris soin de garder tout ça pour moi. Beh ouais ! Faut faire gaffe ! C’est des coups à finir chez le psy quand tu fais un truc pas normal.
Mon premier je l’ai vu l’année de la sortie de Rambo 2. J’avais eu le malheur de monter sur la table basse du salon et d’imiter Tarzan. Je ne lui ai jamais dit le moindre mot à ce type. Il avait une moustache en plus (ce qui contre toute attente, du moins il parait, reviendrait à la mode). Ce que ça peut être laid une moustache. Ni les barbes ni les moustaches ne m’inspirent la moindre confiance moi. Je trouve ça hypersurdouteux, une moustache ! Un mercredi ou un samedi ensoleillé, je m’apprêtais à aller à mon rendez-vous, seulement il passait Rambo 2 au cinéma du patelin. J’étais chez mon père. Et… Que dire… Il a dû trouver plus constructif de m’emmener voir Stallone s’autocicatriser avec la poudre d’une balle que de me balancer au moustachu (merci papa !) (il a un ou deux traits autistique oui, même s’il ne le sait pas et ne le saura jamais)(le savon qu’il s’est pris par maman ! Ouch !) (mais finito le Moustachu ! Yes !)
Le cinéma américain blockbusterisé à donf, c’était à peu près 85 % du schéma éducatif du pater, les 15% restant se constituant de parties de tennis de ballon (avec ou sans chien) ou de vacances endiablées. Du jeu quoi ! Que nous ne cessions que pour regarder un nouveau film. Afin d’être sûr (ou ne disposant d’aucun autre moyen) de ne pas trop faire de conneries, notre père nous gavait de cassettes vidéos (des Vhs, je sais oui, nous sommes vieux…) un week-end sur deux. Jacky Chan Stallone and co et Bruce Lee furent mes véritables éducateurs. Eux m’ont appris tout ce que je sais. Je n’aimais pas figurer, je n’aimais pas faire semblant, mais je n’aimais pas non plus être remarqué ou le meneur (un vrai ninja quoi !). Ce que je voulais par-dessus tout, c’était être ce super héros qui n’avait peur de rien, qui finissait toujours par y arriver, qui n’avait peur de rien. Je crois qu’on a un peu raté. Même si je ne désespère pas ! La partie n’est pas terminée !
A la maison, les crises de la Mère, le déclenchement de sa bipolarité, la destruction, ce n’est qu’après que nous nous sommes (ma sœur et moi) rendus compte qu’il y avait un truc qui clochait, ce n’est qu’après, bien des années plus tard que le second effet kisscool est arrivé. Mais avant, pour moi, tout était normal, car nous étions tous pareils.
Chez moi, je lisais mes bouquins, faisais mes listes de trucs, comptais des trucs, rangeais, démontais, rerangeais mes collections, regardais par la fenêtre, et tout était normal. Pour moi, tout le monde faisait ça. Je ne m’ennuyais jamais. Jamais je n’étais seul. Parce que nous étions tous égaux, tous pareils. Quant à mes potes, plus tard, peut-être qu’ils m’adorent (du moins comme tous potes qui se respectent) mais ils vous diront aussi que j’ai toujours été un peu bizarre. Nous étions en cité, tout le monde avait ses galères. Nous ne discutions pas. Il y avait nous, l’école, le terrain de jeu, la rue, toute la ville, je ne me souviens d’aucune discussion, on ne parlait pas beaucoup, ou part phrase monosyllabique, on s’échappait du monde, on jouait. Tout était normal.
- L’est bonne elle !
- Ouais !
- A demain !
- Ouais !
Voilà, c’est comme ça que l’on fait pour passer au travers. Une dose d’ignorance, une dose de défaillance, et trois de croyances. Et on joue, avec les paramètres. On calcule, on réfléchit, on prévoie, on anticipe, on se faufile, et on avance. On joue.
Si pour conclure nous retournions à nos chers scientifiques, Madame la Juge à Lunettes, j’oserais presque dire qu’ils ont raison dans leur énoncé. L’autisme n’a rien de psychologique. Je pourrais poursuivre aussi longtemps que je le veux mon anamnèse familiale (ce que je vais faire bien entendu) il en ressortira exactement la même conclusion : l’autisme n’est pas un problème psychologique (et rien que le fait que l’évaluation se face par un neuropsychologue, un psychiatre et un psychologue… Cherchez l’erreur ? Ça me stresse). L’autisme n’est pas un problème psychologique car je suis passé par presque toutes les épreuves psychologiques et si l’autisme avait été un problème psychologique alors nous l’aurions depuis longtemps résolu (ou alors il n’existe pas de psy compétents, et donc pas de psy, juste tout un tas d’escrocs)( ce qui… non rien !)( je me moque encore !). Et puisque l’autisme ne peut être réglé psychologiquement (même si différentes méthodes psychologiques ont prouvé qu’elles pouvaient apporter certains effets bénéfiques) il ne peut être que neurologique. Dans la suite de l’énoncé de nos amis scientifiques, nous trouvons, les causes développementales. Je ne sais pas trop comment ils comprennent cette partie, ou comment ils l’expliquent. Ce que je pense moi, d’après mon expérience, c’est que l’autisme est, par essence, il est. Nous naissons autiste. Et par la suite, selon les conditions développementales, notre autisme se différencie. Et c’est là ce qu’il faut comprendre dans la notion de spectre.
A la question : pourquoi les autistes sont-ils tous si différents ? (et c’est bien là une des raisons pour laquelle ils sont à la limite de l’incompétence en ce qui concerne les diagnostics d’autisme avec haut potentiel intellectuel) A cause de cette adaptation permanente, de cet effort, de ce combat et ainsi de suite. Chaque autiste a dû travailler, faire un effort, jouer avec les règles, jouer avec les paramètres qu’il rencontrait pour tenter de s’adapter, de vivre dans ce monde, comme les autres, comme tout le monde. Or, la première règle du jeu est : si les causes sont différentes, les effets sont différents. Voilà de quelle façon nous passons au travers. Car aucun scientifique, durant tout ce temps, n’a jamais été capable de définir la totalité des paramètres. Exceptés nous. Et je peux vous dire que dans la relation autisme/intelligence on a au moins trente ans d’avance sur eux. Et ce pour une bonne raison. Ou deux. Nous sommes des joueurs. Nous sommes des joueurs obsessionnels. Or lorsque nous choppons une obsession rien ne peut nous arrêter. Ajouté à cela, comme tout joueur qui se respecte, nous détestons perdre. Nous voulons comprendre le schéma. Nous voulons résoudre l’équation. Et nous finissons (presque) toujours par y arriver.
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