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Les schémas émotionnels

 

       

 
 Je pense avoir eu du mal à identifier et comprendre les émotions des autres lorsque j'étais jeune ; en outre, je ne m'y intéressais pas vraiment.

Cependant, vers l'âge de 15ans, mon amie A. m'a fait découvrir la philosophie et la psychologie et j'ai commencé à être intéressée par le fonctionnement de l'humain. En outre, c'est un âge où je souhaitais être comme les autres et j'ai commencé à chercher à savoir comment les autres fonctionnaient pour essayer de m'intégrer à eux.

 

Je pense ainsi avoir énormément progressé sur ce point entre 20 et 30 ans où j'ai continué à m’intéresser à la psychologie et à la philosophie. D'ailleurs, je souhaitais faire des études de psychologie mais je ne l'ai pas fait car je savais que c'était dans un but de compréhension mais que cela ne m’intéressait pas de devenir psychologue.

 

Ainsi, aujourd'hui, je crois que j'arrive plutôt bien à décrypter les émotions des autres, avec des exceptions malgré tout et des choses que je ne comprends toujours pas, mais généralement, à l'heure actuelle, je pense être assez compréhensive.

Dans mon travail, je pense arriver à comprendre certaines situations difficiles des élèves. Je crois que ce qui m'a fait progresser, c'est à la fois de m'intéresser beaucoup à la philosophie et à la psychologie, et à la fois de beaucoup observer et du coup, de dégager des schémas émotionnels,c'est à dire des liens qui sont souvent similaires entre une cause (un fait) et une conséquence (une émotion et parfois même, ce que celle-ci peut entraîner ensuite). Même si je n'ai pas vécu la chose, je peux tout de même imaginer en gros l'état émotionnel d'une personne par rapport à un fait car j'ai maintenant une 'banque de schémas' qui s'est étoffée au fil du temps. Par exemple, il y a quelques mois, une connaissance m'a parlé du fait que son ami l'avait trompé. Je n'ai pas vécu la situation mais je savais qu'elle pouvait vivre cela comme une trahison et perdre confiance en son ami etc. car c'est un 'schéma classique' de réaction émotionnelle selon moi. Ainsi en fonction des faits énoncés et de mes schémas cause/conséquence, j'ai l'impression d'arriver à comprendre les émotions des autres la plupart du temps.

 

Par contre, certaines situations plus subtiles me laisse encore dans l'incompréhension et donc dans un 'désarroi réactionnel'. Typiquement, lorsqu'une personne va me parler d'une impolitesse d'une personne à son égard, j'ai souvent beaucoup de mal à comprendre... J'ai l'impression que lorsqu'on me raconte certaines choses parfois, les gens s'attendent à une réaction de ma part, mais je ne sais pas laquelle. Je me trouve bien embêtée et comme moyen de contournement j'ai mis en place une stratégie consistant à dire « ah,oui ?», de manière assez neutre, tout en hochant un peu de la tête. Les gens poursuivent alors et m'en disent un peu plus (par exemple, « tu te rends compte, en me disant ca il m'a vraiment pris de haut etc »). Or, comme je ne comprends toujours pas pourquoi la personne s’offusque, je finis par lui dire « je ne sais pas » et essaie d'abréger la conversation au plus vite... Ainsi, à l'heure actuelle, j'ai un répertoire de schémas émotionnels qui m'aide bien, mais j'ai l’impression qu'il y a des situations que je ne comprendrais malgré tout jamais.

 

En outre, je trouve souvent très difficile de comprendre (et du coup d'exprimer) ce que je ressens/mes propres émotions, car la plupart du temps, elles ne répondent pas aux 'schémas' habituels (j'ai souvent des réactions différentes de la plupart des gens ). De plus, j'ai l'impression que parfois, j'ai pourtant essayé de 'coller' à certains schémas (dans ma volonté d'être comme tout le monde) et que ça m'a conduit plus à des erreurs qu'autre chose. Par exemple, lorsque j'essayais de sortir un peu quand j'étais étudiante, je le faisais souvent parce que les autres le faisaient et ils semblaient se réjouir de cela; du coup, je pensais que moi aussi je devais être contente de sortir avec des gens même si au fond de moi cela me procurait de l'angoisse parce que ce n'était pas ce que je voulais. Pour autant, je n'arrivais pas à identifier cela car le schéma que j'avais construit était : « lorsque les gens se rassemblent (fait), ça leur procure du plaisir (émotion) ». Ainsi, je sentais qu'il y avait une émotion négative mais je ne savais pas pourquoi et je n'arrivais pas à l'identifier. Du coup, je faisais comme les autres, je sortais, mais j'étais fatiguée bien avant tout le monde, j'allais parfois m'enfermer, dans ma voiture par exemple, je rentrais parfois en pleurs et je ne savais pas pourquoi je pleurais car j'étais censée m'amuser comme tout le monde...Ca m'a parfois beaucoup perturbée (et j'avais cette impression d'être folle ou dépressive, mais en même temps je ne calais pas au profil du dépressif car j'avais quand même envie de faire plein de choses). Ainsi, dans un premier temps je me suis orientée vers divers psychotropes qui permettaient de compenser. Cependant, j'avais bien conscience que c'était une 'béquille', même si je ne savais pas pourquoi j'avais besoin de cette béquille. Petit à petit j'ai fini par comprendre que je n'aimais pas sortir, et pourquoi je n'aimais pas cela - les discussions, les sons trop forts etc -, même si je n'en comprenais pas l'origine, et je suis sortie de moins en moins. D'ailleurs, par rapport à l'hypersensorialité, on m'a parlé du fait que certains autistes ne se rendent pas compte qu'ils sont hypersensibles à certaines choses car ils tentent de 'fermer certains canaux' pour se protéger ou alors ils mettent en place des compensations. Cela me parle beaucoup car je ne supportais pas ces sorties avec du bruit, du monde, j'étais très sensible à cela, sans vraiment m'en rendre compte. En outre, je compensais parfois avec des gros 'downs' après mais je ne faisais pas le lien avec cette saturation... D'ailleurs, à l'époque où j'étais étudiante, ma mère m'a dit qu'elle redoutait beaucoup mes appels car je l'appelais quasi systématiquement en pleurs... et c'était très fréquent... je disais que je n'étais pas bien (car la seule chose que je pouvais décrypter était le fait que je me sentais mal) mais je ne pouvais pas dire grand chose d'autre...De son côté, elle ne savait pas trop quoi faire pour moi...

 

La conséquence assez curieuse c'est que du coup, j'arrive davantage à décrypter les émotions des autres que les miennes...

 

 

Par Weirda

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