Autisme Regards Croisés
Hypersensibilité émotionnelle
Lorsque j’étais enfant je réagissais très peu aux sentiments, je ne savais pas exprimer mes émotions, je ne posais pas de questions et parlais très peu. J’étais une enfant très sage, peu expressive. On pourrait dire l’enfant idéale sauf qu’il y avait quand même un souci pour mes proches, car je ne réagissais pas aux stimuli, j’étais un bébé tout mou, dans son monde, l’air rêveur et totalement détaché du monde extérieur.
Je ne m’exprimais ni verbalement, ni non verbalement. Je restais assise où on m’avait installée, toute tranquille et je regardais des trous dans l’air, le regard fixe. Lorsque j’étais enfant j’avais beaucoup de peine à ressentir ou exprimer mes émotions. Parfois les émotions me submergeaient d’un coup et j’avais des réactions exagérées. C’était souvent des pleurs silencieux avec juste les larmes qui coulaient ou une attitude encore plus fermée que d’habitude. J’ai toujours été hypersensible. Cela m’a toujours beaucoup compliqué la vie.
Je ressentais beaucoup les ambiances, si quelqu’un m’en veux, ou est méchant ou agressif, cela me serrait le cœur et me prenait la tête. J’ai toujours eu de la peine avec les émotions trop fortes, parfois je les éprouvais comme de l’agression envers moi et ne comprenais pas le but. J’ai souvent eu une impression de rejet, ou même d’abandon. La seule personne à qui j’avais entièrement confiance c’était et c’est toujours maman, je sais qu’elle me comprend et m’accepte avec mes faiblesses et mes doutes. Toute ma vie, j’ai toujours douté de tout et de tout le monde. J’ai toujours peur du jugement des personnes qui m’entourent.
En étant enfant j’ai trop souvent été brimée, abaissée, jugée, moquée. Lorsque j’étais enfant, le sentiment que je supportais très mal, c’était la colère, Je me sentais très mal à l’aise lorsque des personnes criaient, parlaient vif ou méchamment ensemble. La colère des autres m’effrayait, les cris, les grosses voix, la tension. J’ai toujours été très sage et j’ai rarement eu besoin d’être grondée, mais cela est quand même arrivé une fois ou l’autre et l’expérience me laissait totalement désemparée, je ruminais ces épisodes durant des jours.
Je supportais très mal les ambiances lourdes. Enfant, j’avais du mal à percevoir la tristesse des autres camarades et plus je grandissais, plus le malheur et la tristesse des autres m’atteignait. Durant toute ma vie j’ai souffert d’être trop sensible, je prends tout trop à cœur, je suis consciencieuse, limite bilieuse. Parfois j’ai du mal à supporter les critiques car je les prends toujours dirigées contre moi. J’ai toujours peur de faire faux, je me fais du souci pour tout et suis toujours dans le doute. Je suis toujours à fleur de peau, trop sensible et je me retrouve assez rapidement submergée par la tristesse, la colère ou la crainte.
Un récit malheureux, une personne qui parle de sa souffrance, une ambiance lourde ou pénible, une musique émotionnante ou une situation que je ne comprends pas, peuvent me faire pleurer…
Que je sois entourée ou non, si je dois pleurer, je pleure. Cette hypersensibilité m’a trop souvent compliqué la vie, parfois affaibli mon image par rapport aux autres personnes. Avoir les émotions à fleur de peau est aussi un trait de caractère classique décrit dans le syndrome d’Asperger, ainsi qu'une extrême franchise qui peut occasionner bien souvent des malentendus. Il faudrait que j’arrive à mettre sous cloche mon hypersensibilité car lorsque le ton monte, j’ai l’impression que l’on m’engueule, un regard trop insistant, une parole trop vive et mon cœur se sert, alors je me liquéfie. Le sentiment de joie, je le ressens dedans moi mais je n’arrive pas toujours à le partager, à l’exprimer.
Pour la tristesse, ce sont surtout les personnes qui me sont proches qui la sentent, car je la garde encore tout en dedans, sauf si c’est vraiment très fort et là tout le monde le remarque car si je dois pleurer, je pleure même en public. Parfois ce n’est pas approprié, mais j’ai toujours été hypersensible et quand ça déborde, il faut que ça sorte.
Pour la peur et l’angoisse je l’exprime toujours de la même manière que durant mon enfance et mon adolescence, je me ferme sur moi, garde tout en dedans et ne dis plus rien, si c’est trop fort, je me fige et ne sais plus que faire de mon corps. J’arrive nettement mieux à sortir et exprimer ma colère, je parle plus vif parfois avec un ou deux jurons. Je ne hurle jamais, ne crie pas.
J’ai toujours eu peur de la violence et n’ai jamais usé de violence envers personne. Je ne reste jamais fâchée longtemps, la colère retombe tout de suite, je n’ai jamais été rancunière. Les autres personnes qui sont avec moi, me disent parfois, « t’as vu la tête que tu fais !!! », je ne suis pas toujours consciente que j’ai des expressions bizarres ou incongrues. Depuis que je suis adulte, j’arrive mieux à extérioriser mes émotions, je ris d’avantage et lorsque je pleure, je pleure vraiment. La colère et la peur sont aussi plus marquées.
Quand j’étais enfant, je ne riais pas, je souriais à peine, je pleurais sans bruit avec seulement les larmes qui coulaient. La peur me tétanisait et je restais figée. Je n’arrivais pas à sortir la colère de moi.
Par Isabel
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