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Mes crises de mutisme                          
                                                           Par Hassnia

 

 

 

Je sais que tous les Asperger n’ont pas forcément des périodes de mutisme, c’est pourtant mon cas.

J'ai des périodes de retrait où je me coupe de tout et tous ( en dehors de ma petite famille, enfants/conjoint).

Cela m’arrive lorsque j’ai trop accumulé au niveau sensoriel mais surtout émotionnel.

Je ne regarde pas les infos pour m’éviter d’en souffrir par exemple, même au niveau virtuel je me sens trop vite happée et je me refugie dans le retrait.

 

En ce qui concerne mes crises de mutisme, elles sont provoquées par des épreuves subies.

Lors de mes phases de mutisme passées (je n'en ai pas eu depuis quelques temps...) je ne peux pas prononcer un seul mot, je peux juste dire oui et non de la tête mais cela me demande beaucoup d’efforts. 

Mes proches comprennent rapidement que je suis incapable de parler alors ils patientent…

A l’intérieur de moi c’est tout blanc, il faut que je trie de façon mécanique tout ce qui m’a submergé; plus j’ai accumulé plus mon mutisme sera long.

Cela peut durer trois jours ou plus; la période la plus longue était de un mois et quelques jours.

Lorsque j’avais des rendez-vous administratifs ou autre, mon conjoint annulait ou s’y rendait lorsque cela lui était possible…

En règle général mes crises de mutisme ne duraient pas dans le temps donc c’était tout a fait gérable.

Heureusement que je ne travaille pas…

Lors de ma dernière grossesse j’ai eu une crise de mutisme de plus d’un mois, les chamboulements hormonaux étaient énormes et le médecin m’avait dit que j’allais faire une fausse couche car j’avais une hémorragie en continue. Je ne pouvais plus parler, pas un mot, je me suis complètement retirée de tous, plus rien n’existait que ce bébé et moi…- Dans ces moments là, le monde s’arrête, toute l’énergie dont je me sers pour communiquer au quotidien me sers à prendre sur moi et à gérer ce chamboulement hormonal… Au final mon bébé s’est accroché et malgré le fait que j’aie dû rester allongée, j’ai repris la parole… -

 

Pour les autres fois où cela m’est arrivé, je ne sais pas trop le pourquoi du comment. C’est une véritable saturation, comme lorsque les plombs sautent et que tout s’éteint. C’est le vide, un vide qui m’est salutaire, je ne me sens pas dépressive dans ces moments là, je me sens comme une assoiffée qui étanche sa soif dans un océan d’eau fraîche et limpide. 

J’ai pu comprendre que dialoguer est vraiment un effort pour moi au quotidien et que je me forçais, parfois trop, donc lorsque je suis épuisée à ce niveau ou lorsque j’ai des problèmes très importants, cette fonction là est coupée chez moi pour que je puisse gérer émotionnellement le reste.

Je me sens très proche des autistes non verbaux mais chez moi c’est par intermittence.

 

Je sais après coup que cela peut mettre mal à l’aise mon entourage. Mon conjoint a pris l’habitude et il sait réagir dans ces moments là, surtout lorsque ça arrive après des événements graves. La relation avec mes enfants est telle que lors de ces périodes de mutisme on est réellement ensemble sans se parler. L’intensité est tellement importante et belle que je me suis surprise à pouvoir prononcer des mots avec eux et être totalement bloquée avec les autres… 

Quant aux personnes que je côtoi(yais)es pour la plupart, ils ne comprennent pas. J’explique pourtant que j’ai des périodes ou je me terre et que je ne peux pas parler mais ils ne le comprennent qu’à travers le prisme de leur fonctionnement et j’ai eu droit à des réflexions qui m’ont totalement coupé l’envie de continuer de les fréquenter. Ou alors c'est eux qui finissent pas ne plus me parler ! 

Si on ne fait pas l’effort de me comprendre alors que je me fais souffrance à comprendre les autres (sachant qu’il est plus difficile pour un Asperger de saisir l’autre) et bien j’estime que la relation est biaisée et je préfère qu’on en reste là.

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